Quatre artistes venus d’horizons différents ont vécu ensemble à Surfy Space à Luodong, Yilan, partageant leur expérience d’exploration du territoire environnant et d’adaptation à un nouvel environnement. Ces expériences sont devenues la matière première de leur création artistique, donnant naissance à une exposition inspirée par leur résidence. Celle-ci tente d’examiner la perception des artistes et leur position en tant qu’étrangers, tout en interrogeant les contextes locaux insaisissables qui semblent hors d’atteinte.

Située à la frontière entre l’est et l’ouest de Taïwan, Yilan a connu une succession de migrations ethniques, donnant naissance à une mosaïque culturelle variée. Jadis façonnée par l’industrie du bois, la région a connu des périodes de prospérité et de déclin avant de s’orienter vers un modèle économique basé sur le tourisme. Cependant, les vestiges historiques et les récits culturels sont sans cesse perturbés par l’afflux massif de touristes, rendant leur lecture et leur compréhension toujours plus complexes.

La photographie, souvent perçue comme un acte stéréotypé du touriste, représente une contradiction à laquelle les artistes en résidence sont confrontés. Elle incarne aussi les limites de leur engagement avec l’environnement local.

Les artistes explorent et répondent aux espaces intermédiaires, interrogeant la manière dont ces tentatives sont perçues. Toute tentative de dialogue avec l’environnement local ne serait-elle qu’un simple regard éloigné ? Ces couches d’expérience, qui semblent entrelacées, parviennent-elles réellement à converger, ou restent-elles fragmentées et inachevées ?

Lorsque l’espace de résidence devient une surface plane, les mouvements, la vie quotidienne et l’observation se transforment en création artistique, où la sensibilité et la rationalité se déplacent sans cesse. Différentes dimensions se transforment et interagissent, construisant un réseau complexe de relations entre l’artiste et son environnement. Ces relations sont absorbées dans l’espace d’exposition, définissant les paramètres à travers lesquels les œuvres existent—mettant en question comment l’artiste traverse, ou ne parvient pas à traverser, les frontières qui le séparent du lieu de résidence.

« Photographier est permis, mais ne pas franchir la ligne » est une réflexion sur cette expérience de résidence éphémère—non seulement comme une réponse aux rencontres faites sur place, mais aussi comme une réévaluation des liens entre artistes et résidences.